Quelle est la différence entre la pratique privée et la pratique autonome?

Pratique privée ou pratique autonome? Ces deux termes sont souvent utilisés de façon interchangeable, mais en réalité ils peuvent désigner des contextes de pratiques différents pour les professionnel·les de la relation d’aide.

Que vous soyez travailleur social, psychologue, éducatrice spécialisée ou autre intervenant·e, comprendre cette distinction est important pour mieux orienter votre pratique, vos obligations et vos projets professionnels. 

Dans cet article, je vous propose de clarifier la distinction entre ces deux termes; la pratique privée et la pratique autonome, à l’aide d'explications et d’exemples concrets. Vous serez ainsi mieux outillé·e pour choisir un cadre d’exercice qui vous ressemble, ou simplement mieux comprendre celui dans lequel vous évoluez déjà. 

1. Qu’est-ce que la pratique privée? 

La pratique privée désigne tout exercice professionnel qui se fait en dehors du réseau public, c’est-à-dire en dehors des établissements financés et gérés par l’État (comme les CISSS, CIUSSS, CLSC, hôpitaux ou commissions scolaires). Cela comprend une grande diversité de milieux : cliniques privées, organismes communautaires, entreprises d’économie sociale, cabinets privés, ou encore centres de réadaptation privés. 

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, exercé en pratique privée ne signifie pas nécessairement être travailleur autonome. En effet, plusieurs professionnel·es œuvrant en pratique privée sont salarié·es d’une organisation, et bénéficient d’un lien d’emploi traditionnel, soit d'une rémunération régulière, d'horaires déterminés, d'un cadre administratif assumé par l’employeur, etc.

Exemples de pratique privée : 

  • Une psychologue salariée dans une clinique de psychologie pour enfants ; 

  • Un travailleur social embauché à temps partiel par un OBNL offrant du soutien aux proches aidants ;

  • Une sexologue employée par une entreprise spécialisée en télépratique ;

  • Une éducatrice spécialisée qui travaille à contrat pour une école privée. 

Ainsi, la pratique privée se distingue davantage par le milieu dans lequel le ou la professionnel·e exerce que par son statut juridique ou entrepreneurial. On peut très bien pratiquer en milieu privé sans être à son compte, ce qui crée souvent de la confusion lorsqu’on parle « d'exercer en pratique privée ». 

À retenir – Les OBNL font partie du secteur privé 

Bien qu’on parle souvent du milieu communautaire comme d’un secteur à part entière, il est important de noter que, d’un point de vue juridique et administratif, les organismes à but non lucratif (OBNL) relèvent du secteur privé

En effet, les OBNL sont indépendants de l’État, même s’ils peuvent recevoir du financement public. Ils sont gérés par un conseil d’administration, n’ont pas été créés par une loi ou un décret, et ne sont pas considérés comme des établissements publics. 

Cela explique pourquoi il est indiqué plus haut qu'un·e professionnel·le peut œuvrer en pratique privée au sein d’un OBNL… tout en étant salarié ou contractuel, et donc ne pas être en pratique autonome

2. Qu’est-ce que la pratique autonome? 

La pratique autonome désigne un cadre d’exercice dans lequel le professionnel travaille à son compte, de manière indépendante, sans lien d’emploi traditionnel avec un employeur. On parle ici de travail autonome, parfois aussi désigné comme travail indépendant

En pratique autonome, la personne exerce généralement à titre de travailleur autonome ou encore d’entreprise individuelle (ou parfois constituée en société) et assume elle-même la responsabilité de l’ensemble de ses activités professionnelles : services offerts, tarification, marketing, tenue de dossiers, fiscalité, assurances, conformité déontologique, etc. 

Contrairement à la pratique privée, qui réfère à un milieu d’exercice, la pratique autonome fait plutôt référence au statut professionnel et entrepreneurial de la personne.  

Exemples de pratique autonome : 

  • Un travailleur social qui offre des consultations psychosociales à son compte, en cabinet ou en ligne 

  • Une psychoéducatrice qui propose du coaching familial à domicile 

  • Une intervenante en santé mentale qui développe une offre de services spécialisés pour les milieux scolaires, à titre de consultante ou fournisseure externe

  • Une psychologue qui est consultante pour le MSSS 

  • Une éducatrice spécialisée qui agit comme consultante auprès d’équipes d’intervention 

Caractéristiques de la pratique autonome : 

  • Statut : travailleur autonome ou propriétaire d’une entreprise 

  • Autonomie complète : la personne choisit son horaire, ses services, ses tarifs et ses clients 

  • Responsabilités administratives : gestion complète de l’entreprise (NEQ, taxes, comptabilité, etc.) 

  • Risque entrepreneurial : revenus variables, fluctuation de la clientèle, autofinancement requis 

  • Encadrement déontologique : le professionnel reste tenu aux normes de son ordre, même en pratique autonome 

** Revenu Québec a établit différents critères permettant de déterminer le statut d'un travailleur (travailleur autonome ou salarié)

Il est important de noter que la pratique autonome ne se limite pas aux milieux privés. Un travailleur autonome peut aussi offrir ses services à des établissements publics, par exemple comme consultant pour un centre jeunesse, comme formateur invité dans un CLSC, ou comme superviseur clinique mandaté par une direction de santé mentale. L’essence de la pratique autonome réside donc dans le mode d’exercice qui est autonome et non dans le milieu privé ou public. 

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3. Pourquoi cette distinction est importante? 

Dans le quotidien des professionnels de la relation d’aide, la distinction entre pratique privée et pratique autonome n’est pas qu’une question sémantique, elle a des impacts concrets sur les choix de carrière, les responsabilités professionnelles, et même la posture identitaire. 

Voici pourquoi il est pertinent de bien comprendre la différence entre les deux : 

  • Pour faire des choix professionnels éclairés

Comprendre la distinction permet de mieux évaluer les opportunités qui se présentent : 

  • Est-ce un poste salarié dans un milieu privé? 

  • S’agit-il d’un contrat qui nécessite d’être reconnu comme travailleur autonome?

  • Quel(s) type(s) de contrat(s) sera ou seront requis? 

  • Faut-il envisager une structure d’entreprise pour répondre à l’offre? 

Cette clarté permet de mieux planifier son parcours et ses transitions professionnelles. 

  • Pour respecter ses obligations légales et déontologiques

Les responsabilités administratives, fiscales et déontologiques peuvent différer selon le statut: 

  • En pratique autonome, le professionnel doit lui-même assurer la confidentialité, la tenue de dossiers, la facturation, les déclarations fiscales alors qu'en pratique privée salariée, plusieurs de ces éléments sont gérés par l’employeur. 

  • Le statut d'un travailleur détermine les lois applicables et guide l'interprétation des contrats, notamment.

Ne pas faire cette distinction peut mener à des erreurs ou à des manquements involontaires aux normes professionnelles. 

  • Pour développer une identité professionnelle cohérente

Se définir comme professionnel·le en pratique autonome implique une posture particulière : 

  • Une plus grande autonomie décisionnelle 

  • Une posture entrepreneuriale ou de leadership clinique 

  • Une responsabilité accrue envers sa clientèle 

À l’inverse, œuvrer en pratique privée dans une structure établie permet souvent de se concentrer davantage sur l’intervention directe, tout en bénéficiant d’un encadrement organisationnel. 

  • Pour structurer adéquatement son accompagnement, sa formation ou sa supervision

Les besoins en formation continue, en supervision ou en soutien administratif diffèrent: 

  • En pratique autonome, on peut avoir besoin d’outils de gestion, d’un cadre entrepreneurial ou de supervision réflexive pour structurer son offre. 

  • En pratique privée, les besoins peuvent être plus liés à l’adaptation au milieu ou à l’intégration d’une approche clinique spécifique. 

4. Exemples concrets pour illustrer 

Marie – Psychologue en pratique privée salariée 

Marie travaille dans une clinique de psychologie pour enfants. Elle est salariée, reçoit un salaire horaire, a un horaire préétabli et n’a pas à gérer la facturation, la publicité ou les assurances. 
 

Elle exerce en pratique privée, mais pas de manière autonome

Karine - Éducatrice spécialisée en pratique autonome

Karine a démarré sa propre petite entreprise de services aux familles. Elle offre du soutien parental, des interventions à domicile et des ateliers. Elle facture ses services, gère son horaire et développe ses propres outils. 

 
Elle est en pratique autonome, même si son milieu est privé. 

Jean-François - Travailleur social dans un OBNL

Jean-François travaille dans un organisme communautaire qui intervient auprès de jeunes en difficulté. Il est salarié, travaille sous la supervision d’une direction clinique et est payé selon une convention collective.

Il est en pratique privée, mais pas en pratique autonome.

Mathieu - Psychoéducateur consultant pour le MSSS

Mathieu est psychoéducateur en pratique autonome. Il a été mandaté par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour collaborer au développement d’un cadre de référence en intervention jeunesse. Il travaille à distance, participe aux rencontres de travail, propose des contenus et livre ses mandats selon un calendrier établi. Il facture ses services comme travailleur autonome et n’a aucun lien d’emploi avec le MSSS.


Il est en pratique autonome, même s’il œuvre dans le secteur public.

Stéphanie – Travailleuse sociale en pratique autonome (moi!) 

Stéphanie a fondé sa propre clinique, offre de la supervision professionnelle, des formations et des services psychosociaux. Elle gère ses mandats, sa facturation, ses stratégies de communication et l’ensemble de sa pratique. 



Elle est en pratique autonome, dans un cadre privé, mais pourrait aussi contracter avec le secteur public, par exemple la Défense Nationale. 

En résumé, les termes pratique privée et pratique autonome sont souvent utilisés de manière interchangeable, mais ils réfèrent à des réalités bien distinctes. Alors que la pratique privée décrit un milieu d’exercice hors du réseau public, la pratique autonome désigne quant à elle un mode d’exercice indépendant, où le ou la professionnel·e agit à titre de travailleur autonome. 

Cette distinction est essentielle pour mieux comprendre son cadre d’exercice, respecter ses obligations professionnelles, et orienter ses choix de carrière avec clarté et confiance. 

Que vous envisagiez de démarrer votre propre pratique ou que vous souhaitiez simplement mieux comprendre votre position actuelle, je vous invite à poursuivre la réflexion avec moi! 

Stéphanie Villeneuve, travailleuse sociale

OTSTTSO: 834342

OTSTCFQ: VILS17/05/230TS

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